QUANT - Antimanuel d'AT : Fibonnacci pour les nuls
Publié : 16 nov. 2015, 20:07
Cette semaine, nous allons évoquer un célèbre mathématicien.
Fibonnacci est connu pour avoir posé et résolu nombre d'énigmes mathématiques.
Un truc à la mode est apparu en XIXième siècle, relevant plus d'un certain engouement esthétique que de science. L'expression nombre d'or traitait de formes, de régularités, d'architecture. La science avançait à grand pas et au delà du travail des scientifiques, toutes sorte de charlatans ont fleuri avec pour motivation essentielle la mise en place d'attrape gogos. Ce siècle a vu fleurir la communication avec les morts, les remèdes miracles à base de poudre de perlinpinpin et toutes cette sorte de choses. La forme miraculeuse du nombre d'or est bidon, il n'a rien de magique. Ce n'est que la solution de l'équation X2+X-1=0.
C'est tout.
Au XIVième siècle, Fibonnacci fait face à un problème exponentiel : la croissance de population animales. Comme l'exponentielle n'était pas inventée (Napier au XVIIième), il a trouvé une solution : sa fameuse série. Les termes pairs et impaires encadrent e(x/2). Il s'avère que lorsque l'on fait le rapport entre deux termes successifs, il tendent asymptotiquement vers une valeur dont l'équation est précisément X2+X-1=0. La démonstration ne casse pas des briques et je vous en fait grâce.
Ce quart d'heure d'histoire terminé, on peut se demander ce que vient faire ce nombre d'or et ses ratios en finance. Intuitivement, on peut se dire que c'est probablement de la foutaise. Cependant, si son usage est si répandu il doit bien y avoir quelque chose non ? Et quand bien même il n'y aurait rien, il faudrait peut être essayer de le démontrer. Comment est-il possible que tant de conférenciers, d'auteurs de livres, de gens, utilisent ces ratios si ce n'était pas sérieux ? Si c'était totalement bidon, il n'y aurait pas tant de gens l'utilisant. C'est un peu comme l'existence de Dieu. Etant donné le nombre de croyants, Dieu ne peut qu'exister. CQFD.
Maintenant abordons le problème d'une autre façon. Il se peut tout à fait que de nombreux traders tradent avec succès tout en utilisant ces ratios. N'est-ce-pas la preuve que ces ratios sont efficaces ? Tout d'abord, il faut se rappeler qu'un trader qui rencontre le succès utilise un tas de règles, et même certaine inconsciemment. Par ailleurs, sur un tas de règles dont l'usage assemblé donne un résultat efficace, il se peut que certaines règles utilisées soient fausses, inutiles voir délétère. C'est ce point que nous allons fouiller un peu.
Raisonnons sur un trader qui rencontre le succès en appliquant une stratégie efficace et systématique. Il utilise à un certain moment les ratios de fibonnacci. Pour déterminer des seuils, pour positionner des stops, des takes. Il utilise donc des ratios de 0.382, 0.618, 1.0, 1.382, 1.618... On ne va pas tout éplucher, mais seulement étudier le cas de l'ajustement d'un objectif :
- Suite à un setup le trader à ouvert une position
- Il ne sait pas ou placer son take
- D'après l'ampleur de la figure qui a déclenché le setup, il peut appliquer une projection, pourquoi pas 1.618
Maintenant objectons une stratégie alternative : on n'a pas envie de prendre 1.618 mais 1.5.
Oui, 1.5 pourquoi pas. 50% par rapport à l'ampleur d'une figure, d'une forme, d'un patern, pourquoi pas ? 2, c'est trop. Trop ambitieux, le taux va chuter. 1.2, c'est pas assez alors pourquoi pas 1.5 ?
Donc la question c'est : Est-ce-que 1.618, c'est mieux que 1.5 ? Ou pas.
On pourrait lancer des tonnes de simulations ou de calculs. Des dizaines de stratégies sur des dizaines de supports. Des Chi2 et des test statistiques à n'en plus finir. Mais ce n'est pas la peine.
Non en effet, sur les 100aines d'auteurs, de conférenciers, de formateurs, de traders, qui ont dépensé des milliers d'heures à fibonnaccer leurs discours et leurs raisonnements, pas un, jamais, n'a apporté le moindre début d'embryon de preuve statistique que 1.618, c'est mieux que 1.5.
Jamais.
Si jamais au grand jamais aucun de ces thuriféraires n'a apporté la moindre preuve - pourtant relativement simple - c'est que la preuve il n'y en a pas. Souvent l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence. Là si. Si ces milliers de chercheurs en herbe avaient trouvé ne serait-ce qu'un epsilon de preuve on en aurait entendu parler.
Pour les autres ratios, ces pareil. 50% est un niveau clef. C'est normal. C'est la moitié. Tout le monde le regarde et il s'y passe quelques chose. Est-ce que ça repart dans l'autre sens. 50% de retracement, peut être que c'est la remise en cause complète du mouvement retracé. Soit ça rebondit, soit ça perce, et l'on saura ce qu'il en est. Bien sûr ces raisonnements sont intuitifs, subjectifs. Il ne sont pas mieux que l'usage des ratios de Fibonnacci. Ni moins bien. La moitié de 50% c'est 25%. Entre 50 et 100 il y a 75. Bref au lieu des ratios de Fibonnacci pourquoi ne seraient pas mieux 25%, 50%, 75%, etc ? En fait ce qui marche probablement selon le contexte, c'est une grandeur calculée à la louche.
Si 1.618 était mieux que 1.50, ça serait facile à prouver statistiquement.
Ce que je ne comprend pas et qui m'horripile le plus, c'est le ratio de 50% de Fibonnacci. Je ne vois pas ce que Fibonnacci vient faire là dedans. D'ailleurs, le ratio de 50% de mon c.., ça marche mieux c'est bien connu.
Pour conclure, on peut dire que c'est humain de croire et un peu d'ésotérisme est tout à fait excitant en la matière. Ce qui est plus surprenant, c'est comment des gens formés, diplômés, compétents et intelligents colportent ce genre de niaiserie. Peut être qu'ils manquent d'objectivité pour diverses raisons ?
Quoi qu'il en soit, chaque fois qu'un conférencier nous abreuve de fiboniaiseries, la question se pose :
Crétin ou escroc ?
D'ailleurs, cette file mérite d'être animée régulièrement pas le "crétin du mois". Sera nommé le conférencier du moment pratiquant de façon zélée les Fiboniaiseries...
Fibonnacci est connu pour avoir posé et résolu nombre d'énigmes mathématiques.
Un truc à la mode est apparu en XIXième siècle, relevant plus d'un certain engouement esthétique que de science. L'expression nombre d'or traitait de formes, de régularités, d'architecture. La science avançait à grand pas et au delà du travail des scientifiques, toutes sorte de charlatans ont fleuri avec pour motivation essentielle la mise en place d'attrape gogos. Ce siècle a vu fleurir la communication avec les morts, les remèdes miracles à base de poudre de perlinpinpin et toutes cette sorte de choses. La forme miraculeuse du nombre d'or est bidon, il n'a rien de magique. Ce n'est que la solution de l'équation X2+X-1=0.
C'est tout.
Au XIVième siècle, Fibonnacci fait face à un problème exponentiel : la croissance de population animales. Comme l'exponentielle n'était pas inventée (Napier au XVIIième), il a trouvé une solution : sa fameuse série. Les termes pairs et impaires encadrent e(x/2). Il s'avère que lorsque l'on fait le rapport entre deux termes successifs, il tendent asymptotiquement vers une valeur dont l'équation est précisément X2+X-1=0. La démonstration ne casse pas des briques et je vous en fait grâce.
Ce quart d'heure d'histoire terminé, on peut se demander ce que vient faire ce nombre d'or et ses ratios en finance. Intuitivement, on peut se dire que c'est probablement de la foutaise. Cependant, si son usage est si répandu il doit bien y avoir quelque chose non ? Et quand bien même il n'y aurait rien, il faudrait peut être essayer de le démontrer. Comment est-il possible que tant de conférenciers, d'auteurs de livres, de gens, utilisent ces ratios si ce n'était pas sérieux ? Si c'était totalement bidon, il n'y aurait pas tant de gens l'utilisant. C'est un peu comme l'existence de Dieu. Etant donné le nombre de croyants, Dieu ne peut qu'exister. CQFD.
Maintenant abordons le problème d'une autre façon. Il se peut tout à fait que de nombreux traders tradent avec succès tout en utilisant ces ratios. N'est-ce-pas la preuve que ces ratios sont efficaces ? Tout d'abord, il faut se rappeler qu'un trader qui rencontre le succès utilise un tas de règles, et même certaine inconsciemment. Par ailleurs, sur un tas de règles dont l'usage assemblé donne un résultat efficace, il se peut que certaines règles utilisées soient fausses, inutiles voir délétère. C'est ce point que nous allons fouiller un peu.
Raisonnons sur un trader qui rencontre le succès en appliquant une stratégie efficace et systématique. Il utilise à un certain moment les ratios de fibonnacci. Pour déterminer des seuils, pour positionner des stops, des takes. Il utilise donc des ratios de 0.382, 0.618, 1.0, 1.382, 1.618... On ne va pas tout éplucher, mais seulement étudier le cas de l'ajustement d'un objectif :
- Suite à un setup le trader à ouvert une position
- Il ne sait pas ou placer son take
- D'après l'ampleur de la figure qui a déclenché le setup, il peut appliquer une projection, pourquoi pas 1.618
Maintenant objectons une stratégie alternative : on n'a pas envie de prendre 1.618 mais 1.5.
Oui, 1.5 pourquoi pas. 50% par rapport à l'ampleur d'une figure, d'une forme, d'un patern, pourquoi pas ? 2, c'est trop. Trop ambitieux, le taux va chuter. 1.2, c'est pas assez alors pourquoi pas 1.5 ?
Donc la question c'est : Est-ce-que 1.618, c'est mieux que 1.5 ? Ou pas.
On pourrait lancer des tonnes de simulations ou de calculs. Des dizaines de stratégies sur des dizaines de supports. Des Chi2 et des test statistiques à n'en plus finir. Mais ce n'est pas la peine.
Non en effet, sur les 100aines d'auteurs, de conférenciers, de formateurs, de traders, qui ont dépensé des milliers d'heures à fibonnaccer leurs discours et leurs raisonnements, pas un, jamais, n'a apporté le moindre début d'embryon de preuve statistique que 1.618, c'est mieux que 1.5.
Jamais.
Si jamais au grand jamais aucun de ces thuriféraires n'a apporté la moindre preuve - pourtant relativement simple - c'est que la preuve il n'y en a pas. Souvent l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence. Là si. Si ces milliers de chercheurs en herbe avaient trouvé ne serait-ce qu'un epsilon de preuve on en aurait entendu parler.
Pour les autres ratios, ces pareil. 50% est un niveau clef. C'est normal. C'est la moitié. Tout le monde le regarde et il s'y passe quelques chose. Est-ce que ça repart dans l'autre sens. 50% de retracement, peut être que c'est la remise en cause complète du mouvement retracé. Soit ça rebondit, soit ça perce, et l'on saura ce qu'il en est. Bien sûr ces raisonnements sont intuitifs, subjectifs. Il ne sont pas mieux que l'usage des ratios de Fibonnacci. Ni moins bien. La moitié de 50% c'est 25%. Entre 50 et 100 il y a 75. Bref au lieu des ratios de Fibonnacci pourquoi ne seraient pas mieux 25%, 50%, 75%, etc ? En fait ce qui marche probablement selon le contexte, c'est une grandeur calculée à la louche.
Si 1.618 était mieux que 1.50, ça serait facile à prouver statistiquement.
Ce que je ne comprend pas et qui m'horripile le plus, c'est le ratio de 50% de Fibonnacci. Je ne vois pas ce que Fibonnacci vient faire là dedans. D'ailleurs, le ratio de 50% de mon c.., ça marche mieux c'est bien connu.
Pour conclure, on peut dire que c'est humain de croire et un peu d'ésotérisme est tout à fait excitant en la matière. Ce qui est plus surprenant, c'est comment des gens formés, diplômés, compétents et intelligents colportent ce genre de niaiserie. Peut être qu'ils manquent d'objectivité pour diverses raisons ?
Quoi qu'il en soit, chaque fois qu'un conférencier nous abreuve de fiboniaiseries, la question se pose :
Crétin ou escroc ?
D'ailleurs, cette file mérite d'être animée régulièrement pas le "crétin du mois". Sera nommé le conférencier du moment pratiquant de façon zélée les Fiboniaiseries...