En effet, la question est très différente selon que l'on analyse des EC de stratégies dont on ne sait rien ou au contraire des EC de stratégies que l'on connaît parfaitement. Nous avons déjà abordé le sujet. Je critiquais la possibilité de jouer avec des EC dont on ne sait rien. Alexandre avait déjà suggéré que
lorsqu'il s'agit de ses propres stratégies, peut être que ce serait justifié. Je suis entièrement d'accord. le concepteur des stratégie peut jouer avec ses EC, brancher, débrancher, mettre plus ou moins de levier, etc. Contrairement au gestionnaire de portefeuille externe qui risque surtout de faire du noise picking en quelque sorte.
Pourquoi ?
Parce que le concepteur des stratégies sait pourquoi il y a un replis, pour quelles raisons (certes après coup), à cause de quelles conditions de marché. Il sait donc aussi s'il existe des éléments objectifs pour prédire si ces conditions sont probablement durables (la tendance appelle la tendance, le range appelle le range, la volat appelle la volat). Ces conditions, vont elle s'inverser ou encore n'en sait on rien ? -on connaît quelles conditions de marché sont favorables mais on ne sait pas les prédire.
Quand bien même le doute serait présent, il en sait bien plus que l'idée que l'on peut se faire des zigouigouis d'une EC d'une stratégie dont on ne sait rien. Il sait donc brancher ou débrancher intelligemment, pas seulement parce que ça baisse un peu, beaucoup, passionnément... mais parce que ça baisse pour telle ou telle raison.
Ceci étant établi, venons en au sujet vraiment intéressant : ne serait-ce pas à la stratégie de savoir se débrancher elle même - ou demander plus de fonds - plutôt qu'un dispatcheur externe (que celui-ci soit un robot ou pas ) ? En effet, on peut supposer que c'est la stratégies qui est la mieux informée concernant ses pérégrinations au sein des conditions de marché.
Prenons un exemple concret et simpliste pour éclaircir les choses :
Imaginons qu'une stratégie de suivi de tendance de court terme ne tienne aucun compte d'une tendance de long terme. Le concepteur à remarqué un truc, sa stratégie marche bien dans l'ensemble, mais il s'avère que si en plus la tendance de long terme est dans le même sens (observé empiriquement à partir d'un graphique de time frame supérieur), alors les résultats sont bien meilleurs. Cependant cela semble difficile à programmer, sujet à des effets de sur optimisation, bref, ce n'est pas dans la stratégie. Ainsi, le concepteur de la stratégie trouve des conditions objectives où sa stratégie ne marche pas très bien (tendance de long terme opposée au sens des trades pris), mais plutôt que de programmer une usine à gaz multi time frame, il préfère utiliser ce diagnostic pour brancher ou débrancher manuellement sa stratégie.
Bien sûr l'exemple évoqué est simpliste. C'est en pratique plus compliqué que ça, genre le time frame supérieur range il vraiment ou pas ? Maintenant imaginons un robot dispatcheur qui sélectionne (ou censure) la stratégie. Il s'avère que la sélection ou non de la stratégie en fonction de ses résultats de moyen terme reflétera précisément l'effet de la tendance de long terme évoquée ci-dessus. Ensuite, c'est très simple, soit les tendances en question sont stables durant de longues périodes, et le robot dispatcheur semblera très intelligent, soit la situation sera plutôt chaotique et le dispatcheur semblera brancher ou débrancher la stratégie au mauvais moment.
Maintenant une idée simple : au lieu du dispatcheur qui juge de l'EC, maintenant que l'on à compris les raisons, n'est il pas plus simple de doter la stratégie d'un filtre de tendance de long terme. Evidemment, c'est parfois infaisable pour plusieurs raisons :
- A l'opposé du tableau idyllique présenté, il se peut qu'on ne pige rien au fait que telle stratégie marche puis ne marche plus
- Ou encore on a très bien compris, cependant la tendance de long terme (dans notre exemple) n'est pas prédictible (quelle qu'en soit la raison : données insuffisantes pour prédire quoi que ce soit - ce qui est fréquent dès que l'on envisage des éléments de long terme car il y a peu d'évènements - ou encore les cours sont trop IID, cad chaotique sans jamais de tendance bien définie).
Cependant ce n'est pas à cause de ces bonnes raisons de jeter l'éponge de ne pas s'interroger sur un truc de base : la stratégie n'a t'elle pas oubliée un bon gros critère flagrant améliorant son rendement quitte à la rendre plus parcimonieuse ?
Pour en revenir aux interrogations d'uXXar, bien que la prise en compte du live soit une bonne base de réflexion, seul le backtest sur une longue période permet de vérifier la régularité du retour sur le HVM. Attention, ce peut être très sur optimisant (on croit trouver une juste règle de détection du fond du replis), mais en fait non car il n'y a pas assez d'évènements de changement de l'allocation (on peut brancher, débrancher, mettre plus de lots, moins de lots...)
On se fait piéger par un back test encore plus facilement que pour l'optimisation des paramètres d'une stratégie. Les concepteurs du DWEX peuvent en témoigner.
Pour conclure :
- Quand on est tenté d'ajuster l'allocation d'une stratégie, il faut commencer pas essayer de comprendre s'il n'y a pas un critère objectif de filtre qui ferait ça en mieux (donc à l'intérieur de la stratégie).
- Si néanmoins on ne trouve rien d'autre que tout simplement décider d'après l'EC, alors point de salut sans back test sur une longue période.
- Il faut alors avoir présent à l'esprit que les risques de sur optimisation (la période d'une MM de l'EC par exemple) est encore plus grand que d'habitude.
- Quand des personnes vous expliquent qu'elle mettent ça au point sur des stratégies dont elles ne connaissent pas le contenu, ni ne disposent du backtest, on se fait une idée de la compétence des auteurs.
Les informations présentées ne peuvent être considérées ni comme un conseil en investissement, ni comme une recommandation d'investissement. Il s'agit de commentaires généraux sur les marchés et de raisonnements que l'on peut tenir à leur sujet.