On n est pas tout seul !

[jmrt]

On n’est pas tout seul !
Il n’y a pas que quelques pays de la zone euro - les fameux PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne) - à vivre une crise budgétaire de grande ampleur. Les Etats américains connaissent eux aussi une situation délicate, malgré leur appartenance à la « zone dollar » et la garantie offerte par le budget fédéral : 46 d’entre eux, sur 50, sont déjà passés sous le seuil de solvabilité.
Le cas de la Californie est bien connu. Celui de l’Illinois un peu moins. Et pourtant….L’Illinois est l’équivalent de la Grèce dans la « zone dollar ».

Aujourd’hui, cet Etat du Middle West des USA affiche une probabilité de défaut sur sa dette (24,33%) supérieure à des pays comme l’Islande (24,33%) et la Roumanie (22,44%), et presque comparable à celle de l’Irak (26,42%).
Highest Default Probabilities
Entity Name Mid Spread CPD (%)
Venezuela 1330.94 59.94
Greece 798.27 48.86
Argentina 913.52 45.97
Ukraine 566.86 32.85
Pakistan 504.20 29.28
Dubai/Emirate of 483.12 28.67
Iraq 431.60 26.42
Illinois/State of 316.99 24.33
Iceland 333.40 23.24
Romania 360.78 22.46

Le CDS sur l’Illinois s’établit aujourd’hui à 316,99 points de base, soit près de trois plus que celui de la Belgique (113,5 points de base) qui a des performances moyennes. Comme le montre le graphique ci-dessous, il est aussi supérieur à celui de la Californie.

Graphique cma (Source: CMA Datavision)

Cette semaine, à l’instar de certains PIIGS, l’Illinois a donc vendu des obligations sur le marché. Pour 900 millions de dollars avec un taux de 7,35%. Ces bons à 25 ans devraient être souscrits à un taux moyen de 340 points de base, alors que la moyenne du coût des emprunts de ce type par les Etats américains se situe à 233 points, selon Barclays Capital
L’emprunt de l’Illinois, l’Etat où Barack Obama a commencé sa carrière politique, devrait pourtant bénéficier de subventions de l’Etat fédéral destinées à en diminuer le coût et rassurer les marchés.
L’Illinois est en effet jugé par les investisseurs comme l’Etat le plus fragile des Etats-Unis : il a déjà 5 milliards de dollars de factures impayées, et ne peut couvrir que la moitié du montant des engagements de retraite de ses fonctionnaires – malgré un plan d’austérité draconien de 1,4 milliard de dollars qui a essentiellement touché les programmes d’aide aux handicapés, les écoles et les universités.
Pour réduire un déficit budgétaire qui devrait atteindre 12,8 milliards de dollars en 2011 sur un budget opérationnel de 54,3 milliards de dollars (2010), les autorités de l’Etat ont donc décidé d’augmenter les impôts.
Ils seront majorés de 50% aussi bien pour les personnes que pour les entreprises. Pour les particuliers, on passera donc de 3 à 4,5% (Remarquons que la première puissance mondiale taxe les revenus en application de ces taux là. Il serait réellement impossible pour un état européen de majorer les taxes de 50 %). Alors, reconnaissons que ce n’est pas la mort comparé à la France ou à Belgique mais quand on n’a pas l’habitude, ça doit faire mal.
Si l’on en croit l’association nationale des responsables du budget (Nasbo), la situation restera délicate pour l’ensemble des Etats-Unis, au moins au cours des deux années à venir. Pour la période 2009-2012, elle évalue le déficit des Etats à près de 300 milliards de dollars dont 127 milliards n’ont pas encore été couverts.

graphique Nasbo (Source: Nasbo)

Lorsque l’attention du marché obligataire se tournera de l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis risquent d’avoir leur propre Grèce, si pas leurs propres PIIGS, et cela dès l’année prochaine.
Cependant, la réaction des USA face à un défaut de paiement d’un état ne serait pas la même que celle de l’UE confronté au problème grec. C’est l’avantage d’être un état fédéral doté d’une politique monétaire unique qui ne requiert pas de consensus à 27. De plus, le statut du roi dollar n’est pas comparable à celui de l’euro. Enfin, notons que le risque grec est de 100 % supérieur à celui de l’Illinois.
Sources : Financial Times+Le monde+Echo+jmrt juillet2010