pour ceux qui n'ont pas pris le temps de parcourir
http://www.bernardbasset.com/Accueil.htm
Il y a un texte intérréssant . Bonne lecture.
Mes premiers pas en tant que spéculateur furent en l'année 1976. Pour les plus jeunes, je précise qu'en ces périodes, si étrange que cela puisse vous paraître, les ordinateurs pour particuliers n'existaient pas, ni les téléphones portables.
Les outils à notre disposition pour établir un pronostic étaient limités aux quotidiens financiers comme « Cote Desfossés » dans lequel nous avions les cours … de la veille.
Lorsque nous passions un ordre au guichet de l'agence bancaire, il n'était honoré que le lendemain – et pas toujours.
Le scalping, le day trading et autre stratégie en ing, nous en ignorions la possibilité et les traders s'appelaient du sympathique nom de Boursicoteur, les pros étant des cambistes.
Tous les matins une petite bande de boursicoteurs se retrouvait dans le grand hall de la banque où nous échangions nos impressions confortablement assis dans d'agréables fauteuils.
A cette époque pas si lointaine, le sens de l'accueil n’était pas un argument publicitaire vide de contenu comme nous le constatons maintenant, le contact avec le client est devenu quasi inexistant.
L'avantage de ces rencontres était le contact avec les anciens. Le plus jeune de la bande c'était moi. La plupart avaient dépassé la cinquantaine voire la soixantaine et connu les grands événements économiques et boursiers.
Je les écoutais avec l'avidité d'un jeune loup qui veut apprendre le pourquoi et le comment des causes et des conséquences des événements et leurs impacts sur les marchés. Pour rien au monde, je n'aurais raté ces discussions avec ces maîtres, je m'imprégnais de leurs savoirs.
Ce mode de transmission de l'apprentissage était beaucoup plus efficace que la lecture des grandes théories, parce que l'auteur du message lorsqu'il parlait, transmettait également des émotions, son ressenti, son vécu et pouvait développer des arguments.
Il était aisé de lui demander un éclaircissement sur un point particulier non entièrement compris et qui peut faire toute la différence.
Tandis qu'aujourd'hui, alors que le monde entier est à une portée de clic sur internet, l'investisseur est bien seul devant son écran.
Cette maxime bien connue qui nous dit que la profusion d'informations tue l'information, se vérifie chaque jour, il devient de plus en plus délicat de se faire une juste opinion.
De toutes les affirmations que nous recevons, dans la plupart des cas, l'action publicitaire prime sur la vérité. Comment faire le tri de l'utile et le superflu lorsqu'on est en phase d'apprentissage à tenter de trouver les clefs de la réussite.
Qui croire ? Comment deviner l'exacte compétence du participant d'un forum qui affirme, caché derrière un pseudo, avoir obtenu des résultats plus qu'honorables ?
Comment apprécier à leurs justes valeurs les propos d'un intervenant particulièrement doué pour l'écriture, ou d'un tribun capable d'enflammer des salles ?
Mais sont-ils aussi compétents pour le trading qu'ils le prétendent ?
…... pas évident de faire la part du vrai et de l’affabulation !
Un homme me fascinait, il avait la réputation d'être le plus riche de notre région, mais surtout il avait un jugement très juste de l'évolution du marché et s'enrichissait joyeusement grâce aux marchés boursiers ( Je tenais cette information d'une indiscrétion de mon cousin qui travaillait dans la dite banque ).
Chaque fois, que je le croisais, j’espérais lui tirer des informations mais hélas, le bonhomme était peu bavard.
Par hasard, je le rencontrais dans un café, à cette heureuse époque, toute la bourgeoisie se rencontrait à la brasserie de bonne réputation de la ville. Sans ambages, je lui proposais de lui offrir un café. J'avais 25 ans, lui 70, moi ambitieux peu fortuné, lui l'homme le plus riche et respecté de notre région.
Malgré la culot de ma démarche – à son époque personne n'aurait osé prendre une telle initiative – il m'accepta à sa table. Naturellement en vieux renard, il se doutait bien pourquoi, je tenais absolument à le fréquenter.
Ce jour fût pour moi celui de la révélation, il accepta de me suivre dans la discussion et j'appris que le don de clairvoyance que nous lui attribuions, pour lui n'existait pas.
Alors que nous parlions de lui comme d'un surdoué à l'instinct de tueur de marché, capable d'anticiper le moindre frémissement, de ressentir dans sa chair la moindre velléité haussière ou baissière, il m'apprit que tout simplement qu’il avait mis en place une technique relativement simple et qu'il la suivait scrupuleusement.
En prime, il m’avoua humblement que dés qu'il avait une intuition et qu'il ne respectait pas son plan d'achat ou de vente, le résultat était catastrophique.
Tout le monde pouvait donc comme lui, réussir, il n'existait pas de don particulier pour s'enrichir, il y a des techniques.
Avant ce jour, je n'avais jamais entendu parler de technique, pour moi comme pour beaucoup d'autres, la science des marchés n'était pas loin d'une prescience divinatoire.
Pour réussir il fallait pré-sentir les réactions de la bourse, et anticiper qu’une information publiée dans les journaux ou à la radio déclencherait des mouvements sur les valeurs.
Ces propos m'ouvraient de nouveaux horizons, s'il s'agissait que de mettre en œuvre des techniques, j'en concluais que j'avais mes chances d'obtenir de bien meilleures performances que dans l'art des devinettes comme se moqua mon idole lorsque je lui avais décris comment je voyais le spéculateur à succès, donc lui.
Naturellement, je ne pouvais pas en restait là, il fallait que ce premier contact aboutisse sur une amitié - désintéressée de sa part – et enrichissante pour moi. (Hé ! Oui ! Le monde de la finance n'est pas réputé pour être le fief des enfants de chœurs).
J'avais 25ans et lui 70 et bien entendu le vieux singe voyait le jeune ouistiti que j'étais arriver avec ses gros sabots comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Il mit fin à notre conversation, qui en réalité avait pris la tournure d'un interrogatoire de ma part, en me disant :
« Jeune homme, il faut payer pour apprendre, merci pour ce café et bonne chance dans vos investissements »
L'homme le plus riche que je connaissais, venait de me signifiait qu'il ne me dévoilerait pas sa recette si je ne le rémunérais pas. Incroyable !
Comment pouvait-on demander de payer à un jeune comme moi pour lui enseigner son art, alors qu'on a autant d'argent ?
Il avait une réputation de pingre, je venais d'en avoir confirmation.
Furieux contre son avarice et contre moi même de n'avoir pas su obtenir les renseignements que je convoitais, je me promis de ne pas en rester là. Et tous les jours à la même heure, j'attendis qu'il revienne dans ce café.........J'ai attendu plus d'une quinzaine de jours.
L'accueil qu'il me fit fut glacial, dès que j'arrivais à sa table, il m'envoya
« Franchement , vous espériez vous enrichir pour le prix d'un café ? »
Étant à l'époque sans complexe, je lui répondis du tac au tac que j'étais prêt à investir dans un second café. Mon culot l'amusa et il m'expliqua ceci.
« Toute chose n' a de la valeur que par rapport à l'effort que vous fournissez pour l'obtenir. Si je vous enseigne gratuitement ce que je sais, votre niveau de motivation à retenir et exécuter mes recommandations sera très faible et il y a de grandes chances que cela ne vous sera pas profitable. Si par contre, vous avez investi – et vous comprenez ce que sous entend le terme investir- dans un apprentissage, vous aurez plus à cœur que votre dépense soit rentable et cela d'autant plus que l'effort que vous avez développé pour acquérir ce savoir, vous aura coûté. »
Je rétorquais que venant de sa part, je n'avais pas besoin de payer pour savoir qu'il fallait que j'applique à la lettre ses directives.
« Détrompez vous, jeune homme, c'est beaucoup plus compliqué que cela, ma technique n'est pas universelle et pas applicable à tous. D'autres critères, font qu'un savoir-faire doit être personnalisé. »
Je sus ce jour qu'une méthode n'était pas uniquement une technique qu'il fallait appliquer pour atteindre les résultats escomptés. Elle se devait également être un rempart aux dérapages psychiques inhérents aux stress qu'engendre la pratique de la spéculation financière. De nos jours, nous dirions vaincre nos biais psychologiques.
Naturellement, je n'entendis pas cette première leçon de la plus haute importance qu'il m'offrait gratuitement, lorsqu'il me confessait qu'une technique doit être adaptée à la personnalité du spéculateur.
Énervé, je ne voyais plus qu'un individu mesquin qui ne pensait à me soutirer de l'argent, lui qui en avait tant.
Il était hors de question que je contribue à augmenter sa fortune. Avec du recul, je ne suis plus sûr que le plus avare des deux était lui.
Malheureusement, avec cette vision restrictive de mes propos intérêts, je ne mettais pas tous les atouts de mon côté concernant mon avenir de boursicoteur.
Je continuais à apprendre seul et glaner ici ou là un article de vulgarisation pour parfaire mes connaissances et …..stupidement je payais cher mes erreurs.
Nous étions dans les années 76 / 80 et l'information était sérieusement plus compliquée à trouver que de nos jours, dans les villes de province.
Mais de nos jours la profusion rend sans doute encore plus complexe le décryptage, noyés que nous sommes dans le flot des manipulations et contre vérités.
Ce que me proposait à demi-mot ce monsieur était de m'assister dans mes recherches, de me donner de son temps, pour mettre au point une approche devant découler sur la conception d'une méthode personnalisée.
Cette technique ayant comme objectif d'une part de me faire prendre un pourcentage de trade gagnant positif et surtout de me permettre de me soustraire aux biais psychologiques dévastateurs........ En résumé, il se proposait d'être mon entraîneur.
L'investisseur spéculateur le plus compétent que je connaisse me proposait son aide et moi j'ai laissé, par stupide orgueil, une chance unique de progresser rapidement dans l'art si périlleux du boursicotage.....
Chacun dans la vie regrette de ne pas avoir pris une décision qui aurait pu en changer le cours, moi c'est ce jour là que j'ai commis l'erreur.
La transmission du savoir, l'apprentissage passe obligatoirement par le contact humain.
Vous pouvez trouver relativement facilement le contenu d'une matière universitaire sur le web, mais il est impensable pour un étudiant motivé de ne pas assister au cours du professeur enseignant cette matière.
Ceux qui en font l'impasse et tentent d'apprendre seuls le font à leur détriment.
L’évolution des technologies permet à présent que le contact et la transmission des connaissances aient lieu malgré les distances, par vidéoconférence, c’est une nouvelle chance.
Mon tour est venu comme le veut la tradition de transmettre ce savoir acquis de longues d'années de recherches et d'expériences.
C’est la dernière étape de ma vie très fournie de chef d'entreprises et d'investisseur spéculateur.
Pour moi, c'est un réel plaisir d'assurer ce rôle, j’oserais dire que c'est une consécration.